Au sortir de la gare, le soleil nous accueille par un sourire. En tête de station, aucun véhicule n’est en réserve et quelques clients attendent. L’inquiétude est palpable. « Il n’y a pas de taxi, c’est la pénurie ! ». « Ma fille utilise des VTC, je vais l’appeler … ». Prenant ma place dans la file, j’interviens : « Ils ont dû prendre en charge les premiers voyageurs descendus du train. Ils vont revenir nous chercher ». Tous me regardent avec circonspection. S’engageant dans la cour de la gare, un taxi me soulage de leur attention. Sans attendre que le chauffeur sorte de son véhicule, la première personne de la file s’y précipite. Tout en l’aidant, le conducteur nous adresse : « Ne vous inquiétez pas, mes collègues sont prévenus. Ils arrivent ! ». 10 minutes plus tard, nous sommes installées dans notre taxi, notre chauffeur engage la discussion. « Alors, les parisiennes, cela va vous faire du calme après les manifestations et les violences dans la capitale ». Surprise, je réponds: « Si des débordements existent, ils sont marginaux voire montés en épingle. Croyez-vous que ce qu’on voit au journal télévisé est un fidèle témoin de la réalité ?». Rencontre sportive, la finale de la Coupe de France a été aussi un temps fort de la communication gouvernementale. Alors que la distribution de sifflets et de cartons rouge était finalement autorisée, chaque supporter était fouillé et les objets du délit confisqués avant l’entrée dans le stade. Si la 49,3ème minute concentrait plus de suspens que l’issue du match, téléspectateurs et commentateurs furent déçus et concluaient déjà à un essoufflement de la contestation sociale. Pourtant, alors qu’en ce 1er mai, l’exécutif tablait sur « un baroud d’honneur » de la mobilisation contre la réforme des retraites, quelque 300 rassemblements ont été organisés comme autant de petites rivières alimentant le « raz de marée » dont s’est réjoui l’intersyndicale. Bravo à tous ceux qui ont battu le pavé dans leur ville ou dans leur village !
Hélène Manceron