La période dérogatoire accordée aux conducteurs de TPRP, les fameux « Loti », s’est enfin achevée mais 2018 ne marque pas pour autant la pacification du secteur du T3P, transport public particulier de personnes. En effet, bénéficiant de l’autorisation d’exercer durant le temps de validation de l’examen ou de la demande d’équivalence, les capacitaires Loti comme leurs plates-formes disruptives tentent de profiter jusqu’au bout de ce délai de carence. Pendant que les chauffeurs de VTC multiplient les actions afin de dénoncer leur précarisation, chez les taxis, certains renâclent devant les nouveaux efforts qu’on leur impose. Reste que le vent semble bel et bien avoir tourné …

Révoltés par la maraude électronique, les taxis dénoncent les nouveaux efforts auxquels ils sont soumis tandis que les conducteurs de VTC poursuivent leur mouvement de contestation.
Les 4 vérités
Malgré les recommandations de la ministre des Transports et les projets gouvernementaux relatifs à la réglementation des « fake news » pour lutter contre la désinformation, les plates-formes disruptives ont débuté l’année en fanfare. Tous les arguments leur sont bons pour obtenir un report de l’application de la loi. À tel point que Laurent Grandguillaume, rapporteur de la loi du 29 décembre 2016 et désormais retiré de la vie politique, s’est senti obligé de sortir du bois pour rétablir la vérité et rappeler l’anarchie dans laquelle se tenaient les examens VTC avant que leur organisation soit précisée. Réaffirmant la nécessité d’un tronc commun taxis-VTC, de la vérification d’honorabilité de tous les chauffeurs du T3P, l’ex-médiateur n’a pas manqué en outre de rappeler que la loi, accusée de complexifier l’examen VTC, n’en déterminait pas le contenu et que le chantage à l’emploi entretenu par les pirates du numérique n’était que le résultat d’un système de travail dissimulé « peut-être massif »…
Vent nouveau
Alors que la situation du T3P semble s’enliser dans les centres urbains, épuisant la patience des taxis, la Cour de cassation de Paris a infligé une nouvelle défaite à Uber en rejetant le pourvoi formé par la multinationale afin de liquider l’astreinte infligée dans une procédure l’opposant à l’UNT, Union Nationale des Taxis. « Uber aura usé de toutes les voies de recours mais son acharnement judiciaire n’aura pas trompé les magistrats », déclarait Rachid Boudjema, président de l’organisation. Tandis que le bras de la justice s’abat désormais sur la concurrence déloyale dans le secteur, les forces de police multiplient et déploient leurs contrôles dans les départements. Lors de la première commission locale T3P d’Île-de-France, la préfecture de police de Paris a présenté un bilan détaillé de l’intervention des Boers, qui enregistre notamment une augmentation de 32,1 % du nombre relevé d’infractions par rapport à l’année 2016.

les taxis et leurs organisations professionnelles attendent des pouvoirs publics une clarification de la maraude électronique.
Moral en berne
Même si la déroute de l’ubérisation du T3P se confirme de jour en jour, il n’empêche que 4 ans de crise ont largement affaibli le secteur. Étranglés par leurs conditions de travail et leur crédit automobile, les chauffeurs de VTC poursuivent leurs actions en investissant les entreprises clientes de leurs plates-formes afin de dénoncer leur précarité. De leur côté, les taxis et leurs organisations professionnelles attendent également des pouvoirs publics une clarification de la maraude électronique qui permet à de nombreux chauffeurs de détourner la réglementation avec la complicité de leurs applications de mise en relation. Désabusées par les investissements et les concessions imposées à leur activité, l’UNT et la FNTI refusent la suppression des suppléments bagages comme le stipulent les nouveaux tarifs applicables. À Paris, certains menacent d’organiser prochainement leur contestation.
HM
Plus d’info :
Blog de Laurent Grandguillaume – accès au site
*Mis à jour le 23/01/18