Uber à la ramasse sur les prix ! L. Lasne, auteur

En dépit d’une propagande outrancière et après avoir enfariné les esprits sur son attractivité tarifaire, Uber ne tient pas les promesses claironnées depuis plusieurs années. Avec l’instauration du forfait « aéroport », les taxis sont désormais souvent plus attractifs que la multinationale américaine, mais le grand public le sait-il ?

Laurent Lasne, auteur.

Laurent Lasne, auteur.

Le 4 septembre dernier, je buvais un verre avec un ami au café Très Honoré, place du Marché Saint-Honoré. À 19 h 15 vient le moment de nous séparer. Il lance l’application Uber pour se rendre à Orly… Première surprise, l’appli lui indique que son tarif est majoré « x 1,4 » et le prix estimé qui apparaît sur l’écran est de « 56 € ». L’ami en question est surpris car en ce dimanche après-midi, tout est calme à Paris et la circulation fluide. Il jette un coup d’œil sur UberPool [le service de parcours partagé de l’application] pour en avoir le cœur net. Tarif affiché : « 43 € ». Je lui suggère alors de laisser tomber pour prendre un taxi car le prix sera inférieur avec l’instauration du forfait aéroport. Manifestement, à son regard, je comprends que mon ami provincial ignore que les règles du jeu ont changé.
De ce pas, nous nous rendons avenue de l’Opéra. En moins d’une minute, nous hélons un taxi. Le chauffeur baisse la vitre passager. Je me fais confirmer le tarif forfaitaire pour Orly : 35 € ! Mon ami s’engouffre dans le véhicule. Je lui fais promettre lors de son prochain passage à Paris de mieux s’informer des tarifs avant de choisir son mode de transport. Il vient de prendre conscience qu’entre la propagande d’Uber et la réalité commerciale, il y a un pas, voire un fossé. « OK, me dit-il. La prochaine fois, je serai plus attentif, mais cette histoire de forfait aéroport, je n’étais pas au courant. » La voiture démarre, clin d’œil appuyé du chauffeur…
On savait qu’Uber exerçait son activité à perte en la subventionnant pour proposer des prix inférieurs à ceux des taxis(1), mais l’entreprise a perdu de sa superbe. En tout cas, avec les forfaits vers les aéroports, les taxis redeviennent attractifs. Quels nouveaux arguments la multinationale prédatrice va-t-elle avancer pour se relancer ? Celui de proposer l’affiliation à sa plate-forme… aux taxis ? C’est du moins ce qu’Uber tente d’organiser en multipliant les initiatives ces dernières semaines pour attirer les chauffeurs de taxi. Signe sans doute qu’elle a des difficultés à recruter de nouveaux venus tout en reconnaissant implicitement le professionnalisme des taxis. Aux oublieux et aux amnésiques, on rappellera les propos de Travis Kalanick, le fondateur d’Uber, lorsque, plein de morgue, il pensait devenir l’Attila du taxi : « Nous sommes engagés dans une bataille politique. Notre adversaire est un connard, qui s’appelle Taxi. » Un propos qui devrait refroidir les ardeurs de ceux qui seraient tentés de rejoindre la plate-forme californienne au moment où de nombreux chauffeurs VTC la quittent, lassés d’être considérés comme des « esclaves »…

(1)Selon l’agence Bloomberg, Uber a perdu plus de 4 milliards de dollars depuis son lancement en 2011.

"Uber, la prédation en bande organisée", Le Tiers Livre, 2015 168p. 7€ - www.letierslivre.com

« Uber, la prédation en bande organisée » – Le Tiers Livre, 2015
7€, 168 p.

 

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