ÉDITO : L’esprit de noël ne s’importe pas

Je vois défiler la campagne hivernale confortablement installée dans mon taxi. Comme à mon habitude, je questionne le chauffeur sur l’actualité de la profession : « Alors ? Comment se passe ce premier mois de nouvelle convention pour le transport de malades ? » « C’est déprimant car ce que y était prévu arrive. J’ai commencé à facturer mon activité de novembre et certains transports couvrent tout juste les frais d’exploitation. En plus, je viens d’acheter un véhicule pour faire du transport partagé et l’écotaxe plombe mes charges. Je crains d’avoir à licencier l’un de mes salariés car l’Assurance maladie se fiche de la juste obligation du droit du travail à rémunérer mon chauffeur pendant qu’il attend la fin de consultation du patient. Le système est totalement déshumanisé. Nous subissons des règles comptables dont sont exonérés les grands groupes et les multinationales. Ça fait un mois que j’ai prévenu certains clients que nous ne pourrions plus les prendre en charge et à chaque fois que j’y repense, j’ai la nausée en revoyant la détresse des familles. »
Tandis que l’épidémie de dermatose nodulaire a mis le feu aux étables, nombreux sont les taxis qui hésitent entre jeter l’éponge et prendre le mors aux dents. Ce lundi 15 décembre, l’Association Élite Taxi France a publié un communiqué informant que « face à un sentiment d’injustice et d’abandon partagé, les professionnels du taxi rejoignent dès aujourd’hui le mouvement de mobilisation des agriculteurs qui luttent pour leur souveraineté alimentaire et une rémunération juste de leur travail essentiel. » Face à « une concurrence déloyale et illégale qui dure » ainsi qu’« une convention sociale inacceptable », Élite Taxi France appelle « l’ensemble de ses membres et sympathisants à se joindre, dans la mesure du possible, après concertations avec les organisateurs, aux rassemblements et actions des agriculteurs partout en France. Des mouvements de grande ampleur sont en préparation, et nous serons à leurs côtés pour porter une voix commune : celle des professions de terrain, indispensables à la vie de nos territoires et de nos concitoyens, mais sacrifiées sur l’autel d’une mondialisation dérégulée et d’un laisser-faire intolérable. »
Refroidissant l’insouciance des fêtes de fin d’année, la révolte des agriculteurs rejointe par celle des taxis nous rappelle notre responsabilité de consommateur.
Hélène Manceron

Feuilleter l’édition n°312 de 100% NEWS TAXIS

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.