Le slogan est explicite : sans transport de malades en ruralité, pas d’accès aux soins. Alors que les pouvoirs publics ont publié officiellement, début août, la nouvelle convention sur le transport de malades par taxi, la profession alerte les populations sur les conséquences sur leur prise en charge des nouvelles dispositions : slogan inscrit sur la chaussée empruntée par les coureurs du Tour de France, tracts distribués aux assurés sociaux, nouvelle mobilisation nationale programmée le 5 septembre prochain. Les territoires sont en alerte.
En 2024, 87 % du territoire national est classé en désert médical. Les Agences Régionales de Santé en ont réalisé une cartographie et ont déterminé 151 « zones rouges » à l’échelle des intercommunalités, regroupant 2,5 millions d’habitants, dans lesquelles l’accès aux soins est particulièrement dégradé. Face à cette situation, députés et sénateurs ont adopté le 27 juin dernier une loi visant à lutter contre les déserts médicaux ainsi qu’une autre visant à améliorer l’accès aux soins dans les territoires. L’une et l’autre mettent la pression sur les médecins et les étudiants en médecine. Leur réimplantation est espérée à terme mais d’ici là…
Installée dans mon taxi, mon chauffeur partage son analyse de la nouvelle convention. « Je suis taxi de moyenne montagne et chez nous, le transport partagé est déjà monnaie courante. Ma femme est taxi de ville. Pour eux, c’est différent. Leurs clients veulent un service particulier, sans attente. Dans ma zone, il nous serait impossible de servir tout le monde si nous faisions autrement. Beaucoup de gens se sont installés pour profiter d’une retraite au calme. Aujourd’hui, ils ont vieilli et nécessitent des soins médicaux. Pour la moindre radio, il faut faire un aller/retour d’a minima 130 km. Alors on va chercher l’un, qui sait qu’il devra patienter le temps que l’on prenne en charge un autre, puis encore un autre… Dans nos petits villages, cela ravive parfois des tensions de famille et d’autres fois, cela rend le voyage sympathique comme hier, où une mamie avait apporté un sac de cerises à partager. Dans ma société, la grille tarifaire de la nouvelle convention menace la viabilité d’un voire deux emplois de chauffeur. Sortir du chômage est déjà tellement difficile dans notre contrée. Cela va casser l’équilibre que nous avons construit. Je continuerai à faire mon travail mais avec deux voitures en moins, nous ne pourrons pas servir tout le monde. » Le silence s’installe dans la voiture. Il reprend : « Nous allons revenir à ce qu’a connu mon prédécesseur qui me disait « Quand tu conduis quelqu’un à l’hôpital, c’est généralement un aller sans retour ». »
Rural, vital… La rime est simple mais bien choisie !
Hélène Manceron
Retrouvez les éditions digitales téléchargeables gratuitement à partir du 15 septembre prochain.








