De retour en ville, le chant des cigales est couvert par le tumulte urbain. Installée dans mon taxi, j’assiste au spectacle des touristes et des locaux qui jouissent de l’ombre et des terrasses de café. Soudain, mon chauffeur explose : « Espèce d’abruti ! T’iras pleurer après si ta maison brûle ! » Surprise, je lui demande la raison de sa soudaine colère. « Il vient de jeter son mégot par la fenêtre ! On a beau répéter les consignes de sécurité, les gens restent imprudents », me répond-il.

Depuis le début de l’été, une partie du monde est ravagée par les flammes. En raison du réchauffement climatique entraînant canicule et sécheresse, les feux de forêt ont plus que doublé dans le monde entre 2003 et 2023. 2025 se place déjà au quatrième rang des années où les incendies forestiers ont été les plus destructeurs dans notre pays. « En France, 90 % des départs de feu sont dus à l’homme, les 10 % restants étant causés par la foudre », déplore le ministère de l’Agriculture. Selon l’Office national des forêts, si 25 % des sinistres résultent d’actes de malveillance, 35 % sont involontairement causés lors de travaux (brûlage de végétaux, bricolage, travaux agricoles, travaux industriels et publics) et 15 % sont causés accidentellement par des particuliers lors de barbecues, de feux d’artifice ou encore des mégots mal éteints. Le site georisques.gouv.fr souligne que « la plupart des feux prennent naissance près des zones habitées ou anthropisées ».

« Dans ma commune, je me suis porté pompier volontaire », reprend mon chauffeur. « La campagne qui borde l’autoroute a été dévastée il y a maintenant 2 ans. Encore aujourd’hui, les automobilistes peuvent voir les troncs calcinés mais ils continuent de jeter leurs déchets et leurs mégots par la fenêtre de leur voiture. Ça me rend fou ! »

Malgré les campagnes gouvernementales et une opinion publique capable de s’enflammer (!) sur certaines thématiques écologiques, « 1 Français sur 5 jette toujours des déchets par la fenêtre de sa voiture sur l’autoroute », indique la 11^e édition de l’enquête de la Fondation Vinci Autoroutes, publiée ce jeudi 31 juillet. « Chaque jour, sur l’autoroute, en moyenne 100 mégots de cigarettes sont jetés par kilomètre, dans chaque sens de circulation », déplore l’opérateur d’autoroutes qui souligne que les fumeurs des régions situées dans les régions les moins exposées aux incendies, « sont globalement plus négligents ».

Un incivisme qui peut coûter cher car depuis 2020, le jet de mégot est strictement interdit par le code pénal et puni d’une amende de 4^e classe soit 135 €. En cas d’incendie, cela devient un délit puni d’un à 10 ans de prison et, en fonction de la gravité du sinistre, de 15 000 à 150 000 € d’amende. En cas d’urgence, faites le 112 !

Hélène Manceron

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