Mobilisée contre le projet de protocole sur le transport de malades ainsi que la recrudescence des agissements illégaux des plateformes VTC, la FNTI, fédération nationale des taxis indépendants, appelle à la manifestation unitaire des taxis le 19 mai prochain. Représentative auprès des instances gouvernementales et implantée dans de nombreux départements, son président par intérim, Jean-Claude Guernevé, explique les raisons de la colère qui mobilise la profession.
Pourquoi refusez-vous le projet de protocole sur le transport de malades ?
Notre organisation professionnelle fédère de nombreuses entreprises dont l’équilibre économique repose sur le transport de malades. Ce projet est inacceptable sur le fond comme sur la forme. Supprimer le tarif C et ne plus payer les retours à vide remet en cause la viabilité des entreprises. Si l’attente n’est plus payée, comment rémunérer nos salariés ? Le transport partagé n’est pas une nouveauté, nous en réalisons depuis longtemps mais les conditions imposées d’aujourd’hui sont impossibles. Nous ne pouvons pas accepter le cumul de remises et d’abattements. Le projet de convention est tellement dévoyé qu’il faut tout reprendre à partir d’une feuille blanche.
Quelles propositions avez-vous avancées ?
Nous ne sommes que des prestataires de service qui répondons aux prescriptions des médecins tout en étant conscients de la nécessité de réaliser des économies. Sur mon territoire, le Morbihan, le moindre rendez-vous occasionne un transport de 130 à 160 km. Les centres techniques se sont éloignés des gens, ce qui multiplie les déplacements. Pour faire des économies, il faudrait améliorer la coordination des soins dans les hôpitaux qui éviterait de multiplier les transports. Il faut également prendre en compte l’évolution de la population, les campagnes de dépistage massifs, l’augmentation du nombre d’affections de longue durée. Les économies faites par les hospitalisations de jour sont annihilées par les transports qu’elles génèrent. C’est injuste que les taxis payent la dérive des politiques de santé.
Que pensez-vous du projet de plateformes de gestion du transport partagé ?
Ce projet de plateforme pour optimiser les transports partagés pose problème. Les tests réalisés ne sont pour l’instant pas concluants. Si des plateformes doivent être mises en place, il faut qu’elles soient faites avec nous. Nous sommes d’accord pour collaborer et optimiser mais nous refusons d’être dépossédés. Nous ne sommes pas des salariés de plateformes et revendiquons de garder notre autonomie. L’État s’appuie sur notre indépendance tout en cherchant à nous contrôler comme si nous étions salariés.
La concurrence déloyale des plateformes VTC est-elle aujourd’hui insupportable ?
La montée d’agressivité sur le terrain est inquiétante. Il est nécessaire que les pouvoirs publics prennent urgemment leurs responsabilités. Les lois existent ainsi que des jurisprudences. Comme en témoignent nos excellents rapports avec les grandes remises, le problème réside dans les plateformes et non les VTC. Tous les territoires sont impactés. À Brest et Lorient, pour contenir le racolage et la maraude des chauffeurs des plateformes, nous repérons les agissements illégaux, transmettons un courrier recommandé aux chauffeurs pour les informer de leurs irrégularités puis nous déposons éventuellement plainte auprès de la gendarmerie. Uber cherche à créer la confusion entre le service taxi et celui des plateformes VTC. Le taxi repose sur le taximètre, ce qui signifie un prix juste, que la demande soit faible ou forte. Il n’y a pas de prise d’otage des clients comme avec la tarification dynamique pratiqué par les plateformes VTC ou encore le transport à la place, totalement illégal.
Comment s’organise la manifestation du 19 mai prochain ?
La FNTI sera partie prenante de la manifestation du 19 mai prochain. Quelques-uns d’entre nous monteront à Paris mais nous organiserons dans les départements de nombreuses actions communes avec les autres fédérations. Chacun a son optique, mais nous savons nous rassembler pour défendre la profession. Cette journée de mobilisation sera un coup de pression supplémentaire pour que l’État et l’Assurance maladie prennent en compte nos revendications. Nous chercherons à sensibiliser la population sur les conséquences de la situation en proposant d’en faire une journée blanche pour les transports médicaux. Nos actions valoriseront la respectabilité de la profession qui est solidaire socialement et fiscalement de la société française.
Propos recueillis par HM









