Concurrence illégale : Garder son calme

Alors que la saison battait son plein en Savoie, les conflits entre taxis et chauffeurs des plateformes se sont multipliés et ont dégénéré en affrontement à la gare de Moûtiers. Le 11 février, plusieurs véhicules VTC sont incendiés. À Pau, le 13 avril, une altercation entre un taxi et un chauffeur ubérisé éclate à l’aéroport ; le VTC s’accroche au capot du taxi qui le traîne sur une centaine de mètres. Aucun territoire n’est désormais épargné par les agissements illégaux des chauffeurs VTC affiliés aux plateformes. Face aux provocations, les taxis et leurs organisations professionnelles saisissent la justice et se mobilisent le 19 mai prochain.
Une impunité intolérable
« En Savoie, nous sommes tous taxis, VTC et capacitaires afin de satisfaire la demande des clients. Nous avons toujours bossé comme cela », explique Gehad Rejim, taxi de Savoie, porte-voix du mouvement et surnommé le « Shérif de Moûtiers ». « Les Uber sont venus accaparer illégalement le marché avec parfois des méthodes mafieuses. Ils appliquent les codes des quartiers pour investir la voie publique. Je suis taxi de nuit et en décembre dernier, j’ai été attaqué au couteau. Nous sommes tous en danger. La gendarmerie et les polices municipales ne connaissent pas la réglementation T3P et les contrôles réalisés sont inefficaces concrètement », dénonce-t-il. Comparaissant, ce 11 avril, devant le tribunal correctionnel d’Albertville pour l’incendie criminel de 7 véhicules de chauffeurs de plateformes, son collègue, Sébastien Dumarais, président de la CSAT 73, a reconnu devant le juge avoir « pété un plomb ». « Ce qui est arrivé est dramatique pour tout le monde. C’est la conséquence des faits qu’on dénonce depuis des années et qui ne sont pas pris au sérieux par les pouvoirs publics », a-t-il regretté. « Maintenant je m’en remets à la justice et j’espère de tout cœur qu’avec cette affaire, les pouvoirs publics vont prendre enfin conscience qu’il y a un vrai problème de terrain. » Une peine de 10 mois de prison dont 5 ferme sous bracelet électronique ont été requis contre lui. Le jugement a été mis en délibéré au 28 mai prochain.

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Saisine de la justice
« Le 11 mars, nous avons organisé une réunion interfédérale. Elle nous a permis d’établir une feuille de route nationale ainsi qu’une stratégie de mobilisation », explique Gehad. « Nous avons créé une association des transporteurs savoyards de personnes qui regroupe les taxis mais également les VTC indépendants et les capacitaires afin d’attaquer en justice les plateformes », précise-t-il. Ce 25 avril, l’association a déposé auprès du procureur d’Albertville une plainte pour violation des règles relatives au transport contre Uber. « De plus, nous suivrons de près les près de 130 convocations judiciaires de chauffeurs de plateformes pris sur le fait par la gendarmerie nationale », réaffirme-t-il. À Nice, « nous avons engagé une procédure contre l’application Bolt car leurs chauffeurs stationnent en attente de clientèle en toute illégalité à l’aéroport », explique Fabrice Cavallera, président du syndicat des taxis de Nice FFTP. « Les méthodes employées par les plateformes mettent en danger le taxi. Elles font de la masse à l’encontre même de leurs chauffeurs exploités économiquement. À la différence d’Airbnb face aux hôteliers, le T3P répond à une réglementation qu’il faut appliquer. »

Instauration de zones blanches
Face à la généralisation des conflits avec les plateformes qui s’ajoute au désaccord sur le projet de protocole conventionnel pour le transport médicalisé, les fédérations de taxi préparent l’organisation d’une mobilisation nationale le 19 mai prochain. D’ores et déjà, la FNDT revendique un « contrôle strict des VTC et des plateformes », « l’application rigoureuse des lois », « le retour des VTC à leur base et la définition exacte du terme « hors de la chaussée » » ainsi que la « création de zones blanches ». « C’est une des revendications que nous avons portées devant la préfecture de Savoie lors de notre rassemblement spontané du 12 février dernier », explique Gehad. « Ce principe de « zone blanche » est, pour exemple, mis en œuvre par l’application VTC Allocab. Elle respecte la condition de réservation préalable réglementaire, ses chauffeurs ne stationnent pas sur la voie publique en recherche de clientèle et ses clients ne peuvent pas sélectionner leur véhicule grâce à la géolocalisation. La volonté de mise en place de cette disposition a été reprise par plusieurs Autorités organisatrices de transport telles que les villes de Moûtier, Saint-Tropez, Marseille et la préfecture de police de Paris. » HM

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