100% Édito : Taxi syndiqué

En tête de la station, un vendeur de muguet annonce la veille de ce 1er Mai. Installée dans mon taxi, je questionne le chauffeur. « Vous travaillez demain ? » « Bien sûr », répond-il. « Je n’ai pas les moyens de prendre un long week-end, mes enfants ont école le lendemain et les manifestations annoncées ne devraient pas paralyser la circulation autant que le marathon de Paris. » Curieuse, je lui demande : « Êtes-vous syndiqué ? » « Oui, dès que j’ai eu ma carte professionnelle. Dans mon précédent métier, isolé, je me suis fait virer comme un malpropre. » Après un silence, il reprend : « Ce n’est plus la tendance aujourd’hui. Les collègues ne voient pas leur intérêt. Quand les syndicats obtiennent quelque chose, tout le monde en profite sans avoir mis 1 euro. Quand ça coince, ils préfèrent se mettre en scène dans des vidéos sur les réseaux sociaux expliquant que tout seuls, ils auraient fait mieux… »
Le 1er Mai serait-il devenu un jour férié comme les autres ? Historiquement la journée internationale de revendication salariale et syndicale fait référence à la date anniversaire, en 1884, de l’appel de syndicats ouvriers américains pour revendiquer la journée de huit heures. En 1889, à l’occasion du centenaire de la Révolution française, il est décidé en France d’en faire une journée de manifestations. En avril 1919, la journée est décrétée chômée, puis disparaît à la Libération avant de réapparaître en 1946 pour devenir fériée, chômée et payée.
Aujourd’hui, les cortèges s’annoncent moins fournis qu’à l’habitude. Mutation de l’emploi, des modes de défense des intérêts professionnels et du cadre légal, le syndicalisme français décline. Les spécialistes expliquent ce résultat par un égocentrisme ambiant, l’instabilité générale des carrières, la recherche individuelle d’un épanouissement personnel et la volonté d’être l’autoentrepreneur de sa propre vie qui nous détacheraient du collectif. Une situation d’autant plus paradoxale que l’Hexagone continue à l’étranger de porter cette image d’un pays aux syndicats tout-puissants…
L’union ne ferait-elle plus la force ?

Hélène Manceron

Feuilleter l’édition n°297 de 100% NEWS TAXIS

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