Négociations qui patinent sur le transport de malades, conflits qui se multiplient contre la concurrence déloyale des VTC ubérisés : le contexte politique et économique pèse sur l’activité. Nombreux sont les chefs d’entreprise taxi inquiets des perspectives de 2025. Emmanuelle Cordier, première femme présidente d’une organisation professionnelle taxi, partage son éclairage.
Où en sont les négociations sur le transport conventionné ?
Pour l’instant, aucune date de réunion n’a été programmée depuis que la Caisse nationale a demandé aux fédérations leurs avis sur l’avenant prolongeant l’actuelle convention pour 2025. Nous attendons la parution au Journal officiel de cet avenant qui semble conditionné à la loi de financement de la Sécurité sociale tout juste votée par les parlementaires. Les échanges avec l’Uncam concernant le renouvellement du protocole quinquennal pour le transport de malades durent depuis près d’un an. Dans ces négociations, les dés sont pipés. Les fédérations n’ont qu’un pouvoir consultatif et nous risquons à tout moment d’être frappés par une décision unilatérale comme nous l’avons déjà subi. La FNDT et la FNAT travaillent ensemble. Nous ne sommes pas partisans de la politique de la chaise vide. Nous devons retourner au front et continuer à faire des propositions. Il est difficile pour les chefs d’entreprise de ne pas pouvoir se projeter, d’avoir l’inquiétude que l’activité ne soit pas pérenne. Comment assumer les augmentations réglementaires sur les salaires ? Va-t-on devoir licencier pour maintenir a minima l’équilibre économique de nos entreprises ? Il est pénible que les technocrates méprisent la réalité de l’activité pourtant démontrée par un audit objectif réalisé par le cabinet de conseil KPMG.
Que faire face à la concurrence déloyale des VTC ?
La FNDT a demandé un rendez-vous auprès du ministre des Transports. Il est nécessaire que le gouvernement prenne conscience de la situation et des risques de débordements qui se multiplient et s’intensifient. La profession est révoltée du mépris de la réglementation T3P en vigueur. Son respect est la seule voie d’apaisement. Dans de nombreux territoires comme en Savoie, à Toulouse, nos représentants locaux ont alerté des risques mais les préfets semblent démunis. Il y a pourtant des jurisprudences qui attestent de la légitimité de nos arguments mais il n’y a aucune application sur le terrain. Il semble plus facile de créer de nouvelles lois que de faire respecter celles adoptées par les parlementaires. On peut se demander si le business de l’examen VTC profite seulement aux plateformes. Nous avons d’ailleurs demandé que le nombre de candidats VTC soit recensé par CMA France. La précarité des VTC dont la carte professionnelle n’offre aucun avenir est dangereuse. En démocratie, on ne se fait pas justice soi-même mais l’inapplication de la loi remet en cause le contrat social. Où sont les politiques pour lesquels nous avons voté et qui devraient nous défendre, où sont ceux qui viennent nous chercher lors des élections ? La révolte gronde dans les départements. Il y a un risque majeur de désordre sur la voie publique.
Quelle est votre politique ?
La FNDT a évolué et son fonctionnement s’est professionnalisé. En 2024, de nombreux départements nous ont rejoints : l’UTV 83 du Var, l’OST 31 de Haute-Garonne, l’OST 09 de l’Ariège et l’USTL 42 de la Loire. Nous ne sommes pas là pour vendre du rêve mais pour défendre nos adhérents. En interne, nous avons organisé un calendrier régulier de visios qui permettent aux représentants départementaux d’apporter leur pierre à l’édifice ainsi que de partager leur expertise comme leur expérience. Notre fédération s’enrichie du travail collaboratif de nos différentes instances. Nous nous attachons à résoudre les problématiques concrètes. Nous travaillons avec des conseils spécialisés, ce qui nous permet de bénéficier d’une expertise juridique efficace. Adhérente à la CPME, notre fédération entretient un contact étroit avec les représentants des autres professions. Nous invitons tous ceux qui veulent défendre la noblesse de notre métier et la pérennité de nos entreprises à adhérer dans leurs départements auprès des organisations professionnelles affiliées FNDT. Plus nous seront nombreux, plus nous renforcerons la représentativité de notre profession.
Propos recueillis par HM
Feuilleter l’édition n°293 de 100% NEWS TAXIS








