Tribune : Ubérisation, quand l’illégalité devient la norme sous l’œil complice de l’État

Nous sommes taxis et nous refusons de nous taire. En 2024, près de 200 entreprises de taxis ont disparu, et 2025 s’annonce encore pire. Pendant que nous subissons contrôles, charges et réglementations, les plateformes VTC prospèrent dans l’illégalité avec la bénédiction de l’État. Ce n’est plus une concurrence, c’est un massacre économique organisé.

Un vol à ciel ouvert
Chaque année, 2,3 milliards d’euros disparaissent dans les paradis fiscaux.
Pendant que nous finançons la Sécurité sociale, les retraites et les services publics, les plateformes engrangent des milliards sans payer leur part.
Un taxi verse 22 500 € de charges sociales, soit deux fois plus qu’un VTC, qui ne paie que 11 000 € pour un chiffre d’affaires de 50 000 € HT.
38 % des chauffeurs en micro-entreprise devraient être salariés, mais les plateformes les exploitent sous statut précaire, sans protection, sans droits.
Fraude massive, impunité totale
Les taxis sont traqués, sanctionnés au moindre faux pas.
Pendant ce temps, les VTC échappent à tout contrôle :

  • Maraude illégale aux gares et aéroports.
  • Facturation abusive, l’offre et la demande, prix multipliés par un algorithme.
  • Seulement 1,2 % des 850 000 courses VTC quotidiennes sont contrôlées.

Nous sommes soumis à des règles strictes. Les plateformes imposent les leurs, et l’État laisse faire.
Patients en danger : quand l’État sabote le transport TAP
L’ubérisation détruit le transport public, mais c’est bien l’État qui menace directement le Transport Assis Professionnalisé (TAP).
La CNAM prévoit une baisse de 30 % des tarifs TAP, menaçant 40 % des taxis conventionnés et mettant en péril l’accès aux soins de milliers de patients, surtout en milieu rural.
Qui assurera demain les trajets médicaux vers les hôpitaux ?
Qui accompagnera les patients en soins réguliers ?
Sans taxis conventionnés justement rémunérés, des patients resteront abandonnés.
Une jungle sans règles
Les tensions explosent : agressions, menaces, courses-poursuites, altercations armées.
Passagers et chauffeurs deviennent des cibles.
Nous le dénonçons depuis des années. L’État regarde ailleurs.
Complicité d’État, silence criminel
Les Uber Files ont révélé ce que nous savions déjà : Uber a infiltré les plus hautes sphères du pouvoir.
Les lois existent, mais elles restent lettre morte, permettant aux plateformes d’imposer leurs propres règles.
Dans plusieurs pays, Uber a été interdit (Danemark, Hongrie, Chine).
En France, les taxis, les chauffeurs et les usagers sont sacrifiés au profit des multinationales.
Nous ne disparaîtrons pas sans nous battre
Notre métier est attaqué. Notre avenir est menacé.
Jusqu’à quand accepterons-nous cette trahison ?
Nous sommes taxis.
Nous refusons de disparaître.
Mais combien de temps tiendrons-nous encore face à l’indifférence générale ?

David Bouchereau et Laurent Dayraut
Groupement Départemental des Syndicats d’Artisans Taxi de la Charente-Maritime

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