Épuisées par les heures d’attente dans les couloirs de l’hôpital, nous reprenons nos esprits au soleil d’automne qui baigne les abords du pôle de soins. J’engage la conversation avec une taxi en attente. « J’attends la fin des soins d’une cliente pour la ramener chez elle », nous confie la chauffeure. Alors que les parlementaires se préparent à l’examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2025, j’interroge Stéphanie sur les coupes budgétaires qui s’annoncent. « La campagne de communication déployée par l’Assurance maladie a déjà fait des ravages ! » déplore-t-elle. « J’ai une cliente qui a voulu prendre le bus pour rentrer chez elle. Fatiguée et bousculée dans le transport, elle est tombée. Maintenant en plus de son cancer, elle a le bras cassé ! Une autre, pensant bien faire, s’est fait accompagner par une amie plus âgée qu’elle, mais elles ne sont pas allées bien loin. J’ai dû venir les chercher après leur accident dans le parking de l’hôpital… »
Ce 31 octobre, le directeur de la Cnam a été auditionné devant la commission des affaires sociales du Sénat. D’ores et déjà, il prévient que les économies de 4,9 milliards d’euros inscrites dans le texte ne compenseront que partiellement la hausse des dépenses de santé qui devraient atteindre 263,9 milliards d’euros l’année prochaine. Vieillissement de la population, développement des hospitalisations de jour, délocalisation des plateaux de soins, multiplication des campagnes de dépistage : ces dépenses croissent mécaniquement malgré l’augmentation des contrôles sur les arrêts de travail et le transfert de charges aux mutuelles. Mais les économies ne pèseront pas uniquement sur les malades. Bien que les soignants soient en souffrance, l’institution sociale s’est réservé une disposition (article 15) qui lui permettrait d’imposer unilatéralement aux professionnels de santé des baisses tarifaires en cas d’échec des négociations.
Alors que l’égalité d’accès aux soins, la qualité des soins et la solidarité ont fondé en 1945 l’Assurance maladie, il semble qu’aujourd’hui nous soyons passés à « marche ou crève » !
Hélène Manceron








