Anticipant le chassé-croisé des juillettistes et des aoûtiens, je fuis la canicule pour rentrer à Paris. Quelques minutes avant l’arrivée de mon train, l’angoisse de disposer du QR code me permettant de rentrer chez moi m’assaille. Montant dans un taxi, je m’inquiète de pouvoir parvenir à destination. Après avoir chargé mes bagages, mon taxi consulte son smartphone et me rassure. « Pas de souci, Madame. Je vais pouvoir vous déposer mais nous aurons un détour car vous êtes située entre deux zones olympiques. Votre trajet de vingt minutes durera une petite heure… » Profitant du confort et de la fraîcheur, je m’apaise et demande : « Vous arrivez à circuler malgré les restrictions ? » « La circulation, c’est pas un souci, les rues sont vides. Beaucoup de Parisiens ont quitté la capitale ou se sont mis en télétravail. Les clients se font rares. » « Et les supporters des JO, ils ne prennent pas le taxi ? » « C’est bien le problème », soupire-t-il. « La baisse du pouvoir d’achat concerne tout le monde, même les touristes. Ils désertent les magasins comme les restaurants et les théâtres et préfèrent rentrer à pied ou en transport en commun même si les tarifs ont doublé. Une de mes collègues qui commence à 4 h du matin m’a appelé pour partager sa détresse. En 8 h de service, elle n’avait fait que 50 € ! » Je le relance : « Puisque vous avez accès aux voies olympiques, il doit bien y avoir des délégations à transporter ! » « Les délégations ? Elles disposent d’un parc de près d’un millier de voitures conduites par des bénévoles et ont bénéficié de subventions publiques. On ne fait pas le poids. Quant aux voies olympiques, elles sont plus que dangereuses car les gens déboîtent au dernier moment et il y aurait même des jaloux qui y auraient balancé des clous. » Je m’inquiète : « Vous allez tenir tout l’été ? » « Pas le choix ! » m’explique-t-il. « Ma femme et les enfants sont partis et j’ai investi dans un véhicule pour transporter les personnes en situation de handicap. Il ne faudrait pas en plus que je rate les jeux Paralympiques ! » Compatissante, je regarde défiler les terrasses clairsemées des restaurants derrière les grillages de sécurité.
Si l’important, c’est de participer, encore ne faudrait-il pas être disqualifié avant le premier tour !
Hélène Manceron
Photo de couverture ©Doyouspeaktaxi Taxis du monde (Algérie)
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