Disparue à 96 ans en septembre dernier, la reine d’Angleterre a une nouvelle fois défrayé la chronique. Dans un baroud d’honneur après 70 ans de règne, son décès a offert à la monarchie britannique une formidable opportunité médiatique qui n’a pas échappé à l’esprit critique de Michel de la Teigne. Personnage désormais célèbre de la « culture taxi » derrière lequel se cache un authentique chauffeur de taxi parisien, il croque avec humour les travers et les incohérences de notre société. À l’occasion des numéros d’été, notre rédaction a le plaisir de publier quelques-unes de ses aventures. Dans cet épisode intitulé « Ze Queen », notre héros déglingue la monarchie !

Qu’est-ce que c’est que ce pataquès ? Que la royauté mourante cherche à se refaire une image en surfant sur la mort de la vioque, je peux le comprendre… Mais que tous ces pauvres gens la vénèrent comme une sainte, c’est pour moi un insoutenable scandale.
Il faut lire, Mesdames et Messieurs, et faire lire les simples d’esprit. Il faut connaître les engagements et les renoncements de cette trop longue reine. Il faut écouter les témoignages des citoyens des anciennes colonies britanniques. Il faut apprendre l’origine des joyaux de la couronne. Il faut lutter partout conte l’impérialisme, dont elle est – avec la figure du Président états-unien – le plus puissant symbole. Il faut s’indigner des dépenses publiques somptuaires faites par cette poignée de personnes, et pour elles par nos démocraties – comme l’histoire vraie des truffes entières disposées par les Chirac dans chaque assiette pour recevoir 160 personnes de la cour anglaise… Il faut s’insurger lorsqu’un garde s’écroule devant le cadavre puant dans l’indifférence de ses collègues, trop occupés à faire le piquet. Il faut se révolter lorsque des Britanniques militant pacifiquement pour la fin de la monarchie sont brutalement arrêtés pour trouble à l’ordre public. Il faut enfin rire très fort et tous ensemble lorsque Charles exige que ses lacets soient repassés, que son dentifrice soit apposé sur sa brosse à dents par un valet et que sa lunette personnelle de water-closet soit de tous ses déplacements…
Ma foi en l’humanité est grande. Plus exactement, je vois partout un potentiel immense. Je vois l’homme comme il pourrait être, un génie qui assumerait sa liberté, s’affranchirait de tout ce qui le domine et l’écrase. Cet idéalisme trouve sa source dans l’incroyable intelligence de l’homme – que je surestime tout le temps – et dans la beauté parfaite de la nature – que nous sous-estimons tous –, d’après la façon dont nous la piétinons.
Ma foi est grande, mais tel un croyant face à Dieu qui n’existe pas, elle est sans cesse déçue. Elle n’a pas d’objet. Les hommes de ce monde sont prêts à abandonner leur liberté, à échanger leur grandeur contre le confort d’être dominés par les rois minuscules. Plutôt que d’être les maîtres, nous préférons rester dans nos berceaux, gazouiller en regardant Élisabeth et Charles se pencher au-dessus de nous avec des hochets, comme si nous étions leurs nains.
C’est la servitude volontaire chère à La Boétie, l’ami regretté de mon ancêtre Michel de Montaigne. Quand je pense à cet homme et à son court essai composé à l’âge de 17 ans seulement, ma foi en l’humanité remonte à la surface… ardente, attendant d’être immanquablement trahie.
Michel de la Teigne
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